Gourmet, Dequenne et Lafosse trois lauréats heureux
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Magritte du Cinéma: «Arrêtons de parler de cinéma selon sa nationalité ou sa communauté»

Le réalisateur Joachim Lafosse (“A perdre la raison”) et l’acteur Olivier Gourmet (“L’Exercice de l’Etat”) ont déclaré samedi soir à Bruxelles, à l’issue de la troisième cérémonie des «Magritte du cinéma», «se méfier du piège du communautarisme dans le cinéma».

Gourmet, Dequenne et Lafosse trois lauréats heureux

«Il y a autant de cinémas belges que de cinéastes belges. Il faut arrêter de parler de cinéma selon sa nationalité ou par communautarisme», a ajouté le réalisateur, tout juste auréolé des Magritte du meilleur film et de la meilleure réalisation pour «A perdre la raison».

Joachim Lafosse et Olivier Gourmet estiment que le cinéma doit aujourd’hui cesser d’aller vers des films consensuels et plutôt cultiver la curiosité du public, interroger les esprits ret être un lieu de résistances.

«J’ai la conviction qu’en Belgique, on va réussir à emmener le public en nombre vers des films complexes et de qualité», espère Joachim Lafosse. «Néanmoins, les près de 36.000 Belges qui se sont déplacés (pour aller voir «A perdre la raison”), cela n’est pas un chiffre suffisant», a-t-il regretté.

Olivier Gourmet, qui s’est vu attribuer le Magritte du meilleur acteur pour son rôle dans «L’Exercice de l’Etat» – il succède à Matthias Schoenaerts, primé en 2012 pour son rôle dans le film «Tête de boeuf – Rundskop»-, estime également qu’une «certaine presse est aujourd’hui trop influençable par ce qui se passe en France». «Il y a pourtant des acteurs formidables en Belgique dont on ne parle jamais», a-t-il asséné.

Selon l’acteur, on refuse aujourd’hui des films en France parce qu’ils ne sont pas assez vendeurs pour la télévision. «Il est dommage qu’une certaine presse belge soit aujourd’hui trop complaisante à voir certains acteurs (belges) populaires en France et à suivre cette voie-là».

Pour Olivier Gourmet, on ne s’attarde pas assez sur le fond, la qualité ou l’histoire des films. «Le Belge ne va voir que ce que les médias lui disent d’aller voir, en l’occurence trop de grosses productions», a-t-il, enfin, constaté et regretté.

EMILIE DEQUENNE: «J’AI BEAUCOUP DE CHANCE!»

Emilie Dequenne s’est vu attribuer le Magritte de la meilleure actrice pour son rôle dans «A perdre la raison». Elle succède au palmarès à Lubna Azabal pour son rôle dans le film «Incendies».

«A perdre la raison» s’inspire librement de l’affaire Geneviève Lhermitte, du nom de cette Nivelloise qui a mis fin aux jours de ses enfants en février 2007. Dans ce film, Emilie Dequenne incarne le rôle de Muriel, une mère de famille qui assassine ses enfants. «C’était ma première nomination et je reçois un prix! Cela me touche beaucoup. J’ai beaucoup de chance! Pourvu que cela dure», a-t-elle déclaré.

L’actrice a également tenu à remercier Joachim Lafosse, le réalisateur du film, «de s’être laissé tenter» par elle.

Christelle Cornil pour «Au cul du loup» était également nominée dans cette catégorie, de même que Déborah François pour «Les tribulations d’une caissière» et Marie Gillain pour «Toutes nos envies».

Nominé dans sept catégories différentes, le film de Joachim Lafosse «A perdre la raison» s’est vu attribuer quatre distinctions: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice pour Emilie Dequenne et meilleur montage pour Sophie Vercruysse.

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